Une troisième voie
Entre le conventionnel et le bio, les cultures certifiées sont en pleine progression sur le marché des blés meuniers. Un choix pertinent pour l'artisanat.
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Pour aller plus loin que le conventionnel sans toutefois passer au bio, les productions certifiées et contrôlées représentent une alternative pertinente, de plus en plus plébiscitée par les professionnels et les consommateurs. Elles apportent en effet des garanties sanitaires et environnementales très poussées pour un prix acceptable. C'est le cas des blés sous charte Arvalis/Irtac ou des blés sous certification CRC (Culture Raisonnée Contrôlée) qui constituent le socle agronomique de la très « select » farine Label Rouge (que la plupart des meuniers proposent). Leurs cahiers des charges servent aussi à un grand nombre de contrats privés et de certifications qualité produit (Baguépi, Bourgeois, Foricher, Girardeau, Mignot, Bellot, Axiane, Grands Moulins de Paris…). Diverses démarches collectives régionales en circuits courts s'en inspirent également (Le Doré, De la Graine au Pain, Les Robins des Champs, La Nouvelle Agriculture, Agri Confiance, Agri-Ethique…). Il y a le choix !
Les céréaliers traitent de manière toujoursplus ciblée, raisonnée et tracée.
Agriculture hi-tech La « charte de production agricole française » d'Arvalis/Irtac, préconisée par la meunerie française, repose sur quatre piliers : la variété de blé, la protection phytosanitaire, la fertilisation azotée et la gestion des intercultures. « Pour minimiser le recours aux pesticides, nous préconisons les Variétés Recommandées par la Meunerie (VRM) adaptées au terroir régional et disposant d'une bonne résistance aux maladies, et exigeons certaines pratiques culturales pour réduire la pression parasitaire : travail du sol, dates de semis, rotations… Les outils d'épidémio-surveillance et d'aide à la décision paramétrés à la parcelle sont conseillés pour ne traiter qu'en cas de nécessité absolue (par ex. le « Bulletin de santé du végétal », le « Baromètre des maladies », le logiciel Fongipro). Concernant la fertilisation, la stratégie est similaire : ne donner à la plante que ce dont elle a besoin grâce à un épandage ciblé, calculé et fractionné. L'agriculteur s'appuie sur les besoins génétiques de la variété et sur des analyses du sol pour élaborer son plan prévisionnel de fumure (obligatoire) et réajuste en cours de campagne la dose en fonction des besoins réels de la plante. Pour cela,il a recours à des technologies d'analyse sur plants ou d'imagerie par satellite. La liberté est assez grande, mais tous les choix doivent être justifiés : la cohérence et la traçabilité administrative des interventions sont au coeur de la charte », explique Clotilde Toqué, responsable du pôle « Systèmes de culture innovants et Durabilité » chez Arvalis-Institut du Végétal. Fort de son succès (+ 7 % des surfaces entre 2014 et 2015), la charte de production Arvalis/Irtac a été transposée cette année en une nouvelle norme Afnor (NF V30-001), ce qui assurément pérennisera la démarche et facilitera son déploiement sur le territoire.
La production de blé tendre en France40 millions de tonnes de blétendre récoltées, dont :• 5,5 millions de tonnes de blémeunier transformées en farines, dont:27 % de blés sous charte Arvalis-Irtac*, 4,7 % de blés certifiés CRC**et 1,8 % de blés bio***
* En surfaces de blés référencées destinéesà la meunerie (203 000 Ha).** En tonnages de blés produits (260 000 t).*** En tonnages de blés produits sur parcellescertifi ées ou en seconde année de conversion(100 000 t).Source: France Agrimer, GIE CRC, Arvalis -Campagne 2015/2016.
Baby-food Les productions de blés CRC sont également en forte progression (+18 % des tonnages entre 2014 et 2015). « Le référentiel CRC peut être comparé à la méthode HACCP. Il s'agit de maîtriser toutes les contaminations et pollutions susceptibles de se retrouver dans l'environnement ou la chaîne alimentaire. Il y a donc une obligation de moyens et de résultats : les insecticides de stockage sont interdits et les résidus de pesticides ne doivent pas dépasser les 10 μg/kg, ce qui est bien plus bas que la norme réglementaire (déjà restrictive à la base). Si les limites sont dépassées, les blés ne peuvent être certifiés. Seuls les produits phyto les moins nocifs pour la santé et l'environnement sont autorisés.
L'arrêt des traitements insecticides au stockage du blé signe un engagement très fort de la filière.
Les amendements organiques sont recommandés mais encadrés (par ex. les boues d'épuration sont interdites). Un volet « biodiversité » a été ajouté en 2012 avec des points d'attention sur l'enherbement des parcelles, l'entretien des haies, la mise en place d'îlots refuges, la participation à des programmes de sauvegarde… » explique Fouzia Smouhi, directrice du groupement d'intérêt économique CRC. Les productions certifiées et contrôlées semblent bien être destinées à se faire une large place sur le marché entre le conventionnel (moins cher) et le bio (plus cher). Ces trois modèles agricoles progressent indéniablement vers le haut et offrent une gamme de qualités et de prix en phase avec les attentes et le budget des consommateurs. Leur coexistence équilibrée est peut-être le meilleur gage d'un développement durable.
Pour une agriculture écologiquement intensive Les pratiques favorables à la santé et à l'environnementpar Armand Tandeau (publié le 21 octobre 2016)
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